jeudi 27 janvier 2011

Discours lénifiant

Phineas_Barnum @demotterudy La #Pravda d'une époque était plus crédible & fiable que le discours lénifiant de certains de nos Grands Leaders Charismatiques

Au matin du jour de la démission du conciliateur Johan Vande Lanotte, Rudy Demotte, Ministre-Président de la Communauté Française était l'invité de Matin Première ...

INVITE : Rudy Demotte
Ministre-Président Wallonie et Communauté Française
JOURNALISTE : Philippe Walkowiak
Georges Lauwerijs : - Wallons et Bruxellois, ont-ils encore un projet en commun ? Philippe Walkowiak, nous posons la question ce matin à Rudy Demotte, Ministre-Président de la Communauté Française.
PHW : - Rudy Demotte, bonjour.
RD : - Bonjour.
PHW : - Alors une nouvelle structure est née, elle s'appelle Commission Wallonie-Bruxelles mais elle reste assez discrète pour l'instant sur ses objectifs, elle reprend les représentants des 4 principaux partis politiques de la Communauté. C'est donc vous qui
allez présider cette Commission, qui devrait servir si on a bien compris à savoir comment on va organiser les compétences qui vont être transférées quand les négociateurs fédéraux auront fini de négocier, donc pour l'instant, ça ne sert à rien ?
RD : - Pas du tout ; ça sert aussi à mettre en oeuvre un certain nombre de mécanismes qui s'intéressent, vous vous m'en excuserez, mais aux citoyens notamment sur la question des coûts. Organisation à Bruxelles en Communauté Française, en Wallonie, nos institutions, on se pose souvent la question sous l'angle politique, alors évidemment, il faut un projet politique. Mais il y a aussi la salle des machines ; c'est comment organiser les services pour qu'ils coûtent moins cher. C'est comment essayer d'organiser les compétences pour que la manière dont elles sont exercées rendent immédiatement service aux gens parce qu'au coeur de tout cela, c'est quand même la qualité de la vie. En termes d'économie, comment peut-on faire en sorte que les formations soient mieux adaptées aujourd'hui aux besoins des gens. Tout ça n'attend pas la réforme institutionnelle ; on peut commencer aujourd'hui.
PHW : - Donc ça va déjà toucher des compétences qui sont déjà du ressort de la Région, de la Communauté ?
RD :-Exactement. Et c'est une des raisons pour lesquelles, je vais vous dire, Monsieur Walkowiak, nous voulons le faire de manière discrète. On a suffisamment,
PHW : - Pourquoi de manière discrète ?
RD : - Mais parce que, pour être efficace, ça ne se passe pas dans de grands débats publics, on l'a remarqué.
PHW : - Mais ça veut dire aussi que ce n'est pas une Commission qui est installée pour essayer de définir un projet francophone ?
RD : - Alors ça, c'est un des débats possibles ; donc maintenant, on est devant une question, un point d'interrogation, quand vous commentez l'actualité, personne ne peut annoncer exactement ce qui va advenir le lendemain. Aujourd'hui, on sait que Monsieur Vande Lanotte rencontre les partis flamands, ça va durer 5 heures, voilà,
PHW : - Ils vont parler cet après-midi mais demain, on ne sait pas ce qui se passe ?
RD : - On ne sait pas demain ce qui va se passer ; ce qu'on espère tous, c'est qu'à un moment donné, on va avancer parce que c'est quand même long, très, très long.
PHW : - Avancer sur quoi, par exemple ?
RD : - Si sur les compétences, on dit, voilà les paquets de compétences qui peuvent effectivement être transférés à des entités, dans telle et telle logique financière et qu'on dit, tiens, on va commencer à réfléchir, on n'a pas encore pensé à le faire, il est évidemment très tard pour accueillir ces compétences dans nos structures wallonnes et bruxelloises. C'est la raison pour laquelle, ce groupe a aussi une mission qui est une mission de veille mais pas une veille passive, on se croise les bras, en disant, on va bien voir ce qui va se passer et puis on verra, non,
PHW : - C'est une manière de dire, si on nous transfère la Justice,
que va-t-on faire avec cette Justice qu'on va recevoir, par exemple ?
RD : - Exactement.
PHW : - Quitte à ne pas la recevoir ?
RD : - Si on nous transfère de nouvelles compétences, quels que domaines que ce soit ; il faut savoir comment on va l'organiser, il faut aussi être prêt sur le plan des structures, enfin, c'est un boulot quand même considérable.
PHW : - Mais par exemple, on sait que sur la table, est pour l'instant la régionalisation de l'Emploi, tel que le veut la NVA. Vous êtes prêt à recevoir cette compétence-là ?
RD : - Ecoutez, on entend que la NVA veut ça ; on entend que le CD&V veut autre chose et peut-être encore un tiers, autre chose. Alors nous, nous ne sommes pas là pour dire, tel champ de compétences est celui auquel on se prépare. On se prépare à, avec beaucoup de souplesse, d'ailleurs, à accueillir en fonction du résultat des négociations, les compétences qu'on nous donnera. Pas celles que nous pouvons prévoir aujourd'hui à l'avance. C'est d'ailleurs un des points sur lesquels, notre stratégie se renforce aujourd'hui. Je n'ai pas peur de dire que l'idée, c'est d'avoir des lignes de fortification francophone ; c'est d'avoir des lignes dans lesquelles, on dit, mais on se sent mieux, pas dans nos murs parce que c'est vrai que la fortification, vous allez dire qu'on est enclos, mais dans l'espace institutionnel, qui est le nôtre, on peut exercer nos compétences sans avoir peur. Parce qu'un des messages qu'on a quand même adressés à la population et à tout qui s'intéresse à la vie politique en Belgique aujourd'hui, c'est que nous n'avons pas peur de notre avenir, nous devons le saisir, alors ce projet, on veut
l'entreprendre ensemble, on veut l'entendre.
PHW : - Est-ce qu'il n'aurait pas fallu faire ça plus tôt, même avant les élections ? On cherche toujours quel est le projet francophone, quelles sont les compétences que vous pourriez demander, qu'il serait souhaitable de voir transférés à la Région ou à la Communauté ?
RD : - Ecoutez, plus tôt, c'est trop tôt. Plus tard, c'est trop tard ; non, le juste moment, c'est quand on le fait et on a envie de le faire maintenant.
PHW : - Vous êtes donc prêt à recevoir l'Emploi comme compétence?
RD : - Ecoutez, si j'avais la conviction que c'était la clef de voûte par laquelle, on arrive à un accord avec des modalités à discuter entre Francophones et Flamands en transférant des moyens suffisants, en n'ayant pas des mécanismes de responsabilisation qui sont cachés derrière en réalité une vérité strangulatoire, écoutez, que ce soit ça ou autre chose,
PHW : - Johan Vande Lanotte l'avait proposé lui-même en 2005,
RD : - Le jour où il y a un accord sur les matières qui font l'objet de cette discussion entre Flamands et Francophones, nous, on les accueille. Ce qu'on demande, c'est simplement qu'il y ait aujourd'hui un dispositif qui va permettre de sauter tout de suite sur la balle quand elle sera dans notre camp.
PHW : - Est-ce que vous n'avez pas intérêt à être plus pro-actif à dire, on veut ça, on veut ça, plutôt que d'attendre ici que les choses vous arrivent ?
RD : - Ecoutez, si on dit ce qu'on veut aujourd'hui, on peut dire clairement que nous souhaitons que ce pays sorte de l'ornière et qu'on nous donne enfin une chance de pouvoir continuer à faire ce qu'on est en train de faire. Alors, je rappelle que du côté wallon, aujourd'hui, on a entendu que les chiffres de la Belgique n'étaient pas nécessairement aussi mauvais qu'on ne le pensait sur le plan financier ; sur le plan économique, la Wallonie tire plutôt son épingle du jeu, ce qui est une bonne chose. Parce qu'on a souvent accusé la Wallonie d'être en retard de développement. Aujourd'hui, elle est en train de tirer son épingle du jeu notamment en emploi, de création d'activités économiques, qu'on nous donne des outils pour poursuivre cela.
PHW : - C'est aussi, cette Commission, un endroit où on pourra éventuellement préparer ce fameux Plan B dont on ne parle plus, dont on parlait il y a quelques mois, à savoir, si ces négociations pour l'instant, tout le monde est un peu pessimiste sur leur orientation, ça veut dire que c'est aussi dans cet espace qu'on va pouvoir préparer un éventuel Plan B ?
RD : - Nous avons clairement décidé d'habiter la maison Belgique. Et donc tout ce qui se fait, c'est dans le cadre de ce toit, de cette structure faite hier, qu'est la maison de Belgique.
PHW : - Et si le toit s'envole ?
RD : - Mais écoutez, nous sommes là pour tout de suite recouvrir le toit, pour prendre des mesures, poser les bâches là où il faut, réentreprendre, construire s'il le faut, une nouvelle annexe, on est vraiment dans une logique de positionnement positif. On n'est pas là pour dire, c'est la cata, mais c'est comme une assurance. Si effectivement demain, il y a des intempéries qui nous mettent en difficultés, il faut tout de suite pouvoir répondre en reprenant l'initiative.
PHW : - Il y a déjà eu, il y a peu, donc après la crise institutionnelle de 2007, un groupe Wallonie-Bruxelles qui s'était mis en place. Il avait été très loin dans un premier stade, on parlait même de régionalisation de l'Emploi, de régionalisation de l'Enseignement, de l'élargissement de Bruxelles. Et puis in fine, on a débouché un peu en vitesse sur un texte qui était assez vide de substance notamment dû aux tensions entre PS et MR. Donc est-ce qu'effectivement, la réflexion va très vite très loin dans un premier temps et puis, on coïnce un moment parce qu'entre journalistes et communautaristes, on s'oppose ; parce qu'il reste des rivalités politiques ?
RD : - C'est terrible, ce qu'on a la mémoire courte, pas vous, mais en général. Souvenez-vous des discussions d'il y a 5 ans. Là, c'était un clivage entre régionalistes et communautaristes, épouvantable, ce qui explique d'ailleurs que les Francophones étaient incapables d'avancer en rang plus ou moins uni aujourd'hui. Les Flamands sont les tenants essentiellement de la thèse communautariste. Et même si du côté francophone, on tient évidemment à l'unité entre Francophones bruxellois et wallons, on sent bien que c'est quand même la base d'appui sur les Régions, qui est aujourd'hui notre marque de fabrique, c'est quand même un changement qui n'est pas dû seulement aux négociations avec les Flamands. C'est parce qu'entre nous, on s'est rendu compte que l'outil territorial des Régions, l'outil institutionnel des Régions,
PHW : - Il y a 3 ans, vous plaidiez avec Charles Picqué pour une Fédération Wallonie-Bruxelles ; elle en est où, cette Fédération ?
RD : - On a quand même pas mal avancé, quand on voit qu'aujourd'hui, on a pas mal, enfin des organes communs, communautaires et régionaux, que dans la déclaration de politique régionale wallonne, pour donner cet exemple, on cite plus de cent fois Bruxelles comme ligne de mire. On a intégré Bruxelles dans le plan Marshall-deux points-vert pour plein de dispositions. On a vraiment fait des progrès monumentaux dans le rapprochement de Bruxelles-Wallonie. Et surtout, entendez aujourd'hui, qui défend le plus Bruxelles ? Alors avec Charles Picqué qui est vraiment un ami et un homme que je trouve extraordinaire, qui défend avec force et vigueur Bruxelles, mais à côté de Bruxelles, qui entend-on le plus pour défendre Bruxelles ? Ce sont les Wallons. Les Wallons tiennent effectivement à ce que cette Région bruxelloise au même titre que la Wallonie, soit respectée et reçoive des moyens. Et ça, c'est quand même quelque chose d'important par rapport à l'opinion publique.
PHW : - On a aussi en effet l'impression que les Wallons obtiennent plus à Bruxelles, que l'inverse, que les Bruxellois obtiennent de la Wallonie ?
RD : - Ca, je n'en suis pas sûr. On en a fait beaucoup de commentaires, aujourd'hui, les Bruxellois flamands et francophones, doivent reconnaître que quand même en terme de positionnement public, ce sont les Wallons qui disent, nous tenons absolument à ce que vous ayez votre reconnaissance pleine et entière. Or, ça, c'est objectivement indépendant de tout affect, de toute affection, un fait.
PHW : - Mais est-ce que les Bruxellois ne préfèrent pas rester entre eux que de créer ce lien avec la Wallonie ?
RD : - Mais rester entre eux et travailler avec la Wallonie, l'un n'est pas contradictoire avec l'autre. Chacun doit s'autonomiser parce qu'il doit se prendre en charge et prendre l'initiative mais dans le même temps, il y a un espace de réflexion qui dépasse un peu les limites des territoires régionaux, c'est ça que nous voulons construire. Dans la maison Belgique, il y a aussi des chambres communes.
PHW : - Et justement ces chambres communes vont être abordées dans cette Commission, vous allez commencer par, hier, vous avez installé cette Commission, quel est le premier point qui sera à l'ordre du jour de la prochaine réunion ?
RD : - Mais d'abord, c'est, c'est pas une question de dénomination parce qu'on a souvent dit, Fédération Wallonie-Bruxelles, ce qui d'ailleurs avait été accepté dans les grandes lignes, lors du précédent groupe de travail. Mais c'est ce qu'il y a derrière, donc si demain effectivement, on accepte la dénomination et on en fait à un moment donné, un thème de combat unique, il y a effectivement ce que veut dire ce concept, c'est une logique pas seulement de deux Régions qui veulent cohabiter mais développer un ensemble de projets communs. Et sur les projets communs, il faudrait quand même s'entendre.
PHW : - Oui, mais il faudrait s'entendre aussi concernant Bruxelles, avec la Flandre et là, ça ne sera pas simple ?
RD : - Ah mais attention, Bruxelles, c'est pas seulement une Région au sens classique du terme. C'est aussi un espace métropolitain et on voit que dans certaines Régions, Lille-Courtrai-
Tournai, Maastricht-Liège, nous avons aujourd'hui des phénomènes de dépassement des frontières au sens où le développement économique exige et Bruxelles est également dans ce positionnement de devoir dépasser cette frontière.


 

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