Ils sont bien là, rangés dans une armoire métallique fermée à clé.
Des dizaines de petits carnets, semblables aux livrets d’épargne que
nous avons connus. Sur la couverture, le nom du bénéficiaire est
consigné à l’encre bleue.
Seulement une poignée d’historiens et de juristes allemands en
soupçonnaient l’existence, sans les avoir jamais vus; ces documents dormaient dans les archives de l’Association catholique
d’aide à la jeunesse (KFS) du diocèse de Munich.
Ces livrets d’épargne constituent probablement le dernier secret du Lebensborn, un terme de vieil allemand qui signifie « fontaines de vie
», et renvoie à l’un des projets les plus terrifiants entrepris, entre
1935 et 1945, par les SS : donner le jour à des enfants « parfaits »,
blonds, aux yeux bleus, censés incarner la future élite du IIIe Reich.
Une « race supérieure » destinée à régner sur le monde pendant mille
ans… Dans ce but, une vingtaine de maternités furent ouvertes en Europe.
Après avoir subi une « sélection raciale », des femmes, enceintes d’un
SS ou d’un soldat de la Wehrmacht, venaient y accoucher dans un anonymat
absolu. Le bébé pouvait être abandonné au Lebensborn, puis être adopté
par une famille « modèle ». Près de 20 000 SS-Kinder (enfants SS) sont
ainsi nés – 10 000 en Norvège, 9 000 en Allemagne, quelques centaines
ailleurs, dont plusieurs dizaines en Belgique et en France, à Lamorlaye
(Oise).
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