samedi 15 octobre 2011

Dexia via Reynders (12 octobre 2011)

Didier Reynders détendu a reçu le 12 octobre, quelques journalistes pour faire le point sur le sauvetage de Dexia et défendre le résultat des négociations, tout en affirmant qu'il aurait aimé scinder la banque dès 2008.

N'aurait-on pas pu scinder Dexia en 2008?
Même avant 2008, j'étais convaincu que c'était la meilleure solution. Mais pour cela, il fallait deux partenaires. Entre-temps, le monde a évolué, et les Français ont accepté petit à petit cette idée.

La Belgique va garantir 54 milliards sur la "bad bank", et reprend 20 milliards d'obligations à risque avec DBB: avez-vous mal négocié?
Ces 54 milliards, c'est moins que les 90 milliards de garanties que nous avions accordées en 2008. C'est un risque calculé, pour lequel nous sommes rémunérés. Cette banque résiduelle, ce n'est pas du tout comme les produits toxiques des précédents dossiers. Quant au portefeuille de 20 milliards logé dans Dexia Banque Belgique, c'est notre choix. Cela nous a permis de pousser le prix de Dexia Banque Belgique à la baisse. La banque était valorisée entre 3 et 8 milliards d'euros, nous la payons 4 milliards. Ma préoccupation, c'est que les charges des emprunts liés aux interventions dans le secteur financier soient inférieurs aux recettes venant de la rémunération des garanties, des dividendes et de la taxe bancaire.

Quels changements préparez-vous chez Dexia Banque Belgique et Dexia?
Pour la banque, où nous allons détenir 100 %, je propose ce vendredi au conseil des ministres de désigner un chasseur de têtes pour sélectionner les candidats administrateurs possibles sur base professionnelle. Je veux des gens qui connaissent le monde bancaire, et qui connaissent le monde économique. Le management, lui, est de qualité, et on doit pouvoir s'appuyer sur lui.

Il n'y aura donc plus d'hommes politiques au conseil d'administration de DBB?
Si un homme politique passe le cap des chasseurs de têtes, pourquoi pas? Mais je le verrais mal encore en activité.
Pour le groupe, nous avons obtenu que la gouvernance se répartisse à 60-40 entre Belgique et France. Cela veut dire qu'il va falloir changer le conseil d'administration. Là aussi, je suivrai la même logique, et j'espère que tous les actionnaires belges feront de même. La question du management chez Dexia Holding se posera aussi, sans doute lors des assemblées générales. Et il n'y aurait plus ni bonus ni dividendes dans Dexia S.A. tant qu'il y aura des garanties.

Avez-vous des critiques vis-à-vis du travail accompli par le management et le conseil de Dexia entre 2008 et 2011?
Il y a eu tout un travail indispensable qui a été réalisé, mais il y a sans doute eu des erreurs, parce qu'il y avait trop de conflits d'intérêts.

Il ne faut pas non plus occulter ce qui s'est passé avant 2008. Mais je préfère regarder vers le futur de Dexia Banque Belgique et la façon dont on va gérer l'héritage du groupe.

Depuis quand travaillez-vous au démantèlement de Dexia?
Depuis quelques semaines. Quelques jours avant l'Ecofin informel en Pologne, mi-septembre, j'ai appris qu'il y avait des tensions sur la liquidité. J'en ai parlé avec le gouverneur de la Banque Nationale et avec mon homologue François Fillon. Nous avons alors décidé ensemble de mettre des équipes sur ce dossier. Et nous en avons reparlé à Washington.


Y a-t-il eu des résistances des Français?
Ils ont eu beaucoup de résistants durant la deuxième guerre, mais dans le dossier Dexia, ils ont collaboré, même si les intérêts n'étaient pas toujours identiques. J'étais prêt à maintenir la clé de répartition des garanties de 2008, 60 % pour la Belgique. Eux craignaient de mettre leur rating en danger s'ils assumaient trop de garanties. Ils veulent absolument éviter une révision de leur rating en pleine campagne présidentielle. Pour nous, la priorité était de sécuriser Dexia Banque Belgique, et de ne pas la payer trop cher, pour rester en dessous des 3 % de déficit.

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