Sabena et Swissair prêts au vol conjointLes responsables de Sabena et Swissair pourraient très bien, dans le climat actuel de suspicion et de brouillard politique, se poser des questions: qui sommes-nous, où allons-nous, dans quelle galère voguons-nous? Non, sur le plan opérationnel, tous les plans de collaboration, de synergies sont sur la table et n'attendent que le feu vert du gouvernement belge, représentant l'Etat comme actionnaire majoritaire de la Sabena, pour pouvoir être lancés. Tant dans le domaine informatique que pour la mise en concordance des flottes, la couverture du réseau européen et mondial, le contrat de mariage est prêt.
Par contre, l'accord sur les conditions d'une prise de participation de Swissair dans le capital de la Sabena n'est pas bouclé. Il reste peu de temps pour le gouvernement avant la dissolution. Un épilogue heureux de la saga Sabena-Swissair devrait donc intervenir dans les quinze prochains jours mais le tout est de voir quel montage financier tiendra la route. Les données de base n'ont pas changé pour l'offre de Swissair: la compagnie suisse était prête à mettre 12 milliards de francs belges sur la table. Une injection bienvenue qui réglait le problème de sous-capitalisation chronique de la compagnie belge. Mais du côté de la Sabena, la valorisation de la société était basée sur un plan d'affaires de 5 ans, comprenant notamment la formule de «délocalisation» des pilotes et d'une partie de la flotte, qui permettait une économie de l'ordre de 6 milliards FB à terme. Le scénario avait d'ailleurs reçu le soutien à l'unanimité des administrateurs de la Sabena.
Entretemps, la manoeuvre a été court-circuitée par la montée au créneau de ténors politiques, provoquant un jeu de dominos au terme duquel la majorité des membres du gouvernement ont dénoncé cette idée de délocalisation. Le projet a donc été mis au frigo, l'économie escomptée rayée du plan d'affaires et automatiquement, la valorisation de la Sabena a chuté d'un cran. Ce qui a amené Swissair à revoir ses cartes, toujours dans l'objectif de prendre une participation de 49 % dans le capital de la Sabena.
Dans l'un des derniers scénarios envisagés, Swissair investirait 6 à 8 milliards de FB directement dans le capital de la Sabena et l'Union des Banques Suisses (UBS) souscrirait un emprunt de 4 milliards, garanti par la CGER-Holding, de façon à permettre à l'Etat belge de financer le rachat des parts d'Air France.
Un montage financier qui est susceptible d'évoluer de jour en jour. A l'heure actuelle, les administrateurs de la Sabena sont pieds et poings liés puisque que c'est le ministre de tutelle, Elio Di Rupo, qui mène les tractations au nom de l'actionnaire majoritaire. Mais même si les responsables de Swissair estiment qu'on est sur le bon chemin, il reste encore des embûches. Puisque la piste de la délocalisation a été abandonnée, le négociateur devra trouver d'autres formules d'économie, de façon à montrer au futur partenaire que la Sabena peut devenir rentable et lui rendre ses lettres de noblesse.
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