Le 23 novembre 1946, le bombardement du port de Haïphong par la marine française marque le début de la « guerre d'Indochine »
(...) en Indochine, comme ailleurs, le joug colonial fit lever des générations de militants qui engagèrent la lutte pour l’indépendance. Au Viêt-nam, le Parti Communiste Indochinois (PCI) réussit à en prendre la tête. Créé en 1930, il adhéra à la IIIe Internationale, déjà dominée par le stalinisme et qui imposa rapidement à ses organisations des pays coloniaux de défendre une politique nationaliste. Aussi, en 1941, le PCI se transforma en Ligue pour l’Indépendance du Viêt-nam (Viêt-minh, en vietnamien) et impulsa la création de semblables ligues nationalistes au Cambodge et au Laos.
En octobre 1945, après le départ des troupes japonaises vaincues, Ho Chi Minh, le principal dirigeant du Viêt-minh, proclama l’indépendance du Viêt-nam et chercha à la faire accepter par l’impérialisme français.
En même temps, les staliniens vietnamiens n’hésitaient pas à réprimer sauvagement les deux groupes trotskystes, La Lutte créée en 1931 par Ta Tu Thau et la Ligue Communiste Internationale (LCI). Le Parti Communiste stalinien voulait écraser ces militants qui risquaient de le concurrencer sur un terrain révolutionnaire. Au moment où les troupes japonaises quittaient l’Indochine, le Viêt-minh appela au calme et traita de «saboteurs et de provocateurs ceux qui invitent le peuple à s’armer», c’est-à-dire les trotskystes de la LCI. Ceux-ci militaient pour remettre le pouvoir aux comités populaires et aux milices armées qui commençaient à se former dans le sud du Viêt-nam, où des paysans occupaient des terres et des ouvriers leurs usines. Face au risque d’un soulèvement anticolonial et révolutionnaire, les staliniens liquidèrent la LCI et le groupe La Lutte, assassinant militants et dirigeants. Ta Tu Thau fut exécuté en 1946.
1946 : la première guerre d’Indochine
Le Viêt-minh espérait démontrer ainsi ses capacités de représentant de la bourgeoisie vietnamienne, et d’interlocuteur pour l’impérialisme. Mais malgré ces démonstrations, l’impérialisme français n’entendait pas, lui, abandonner ce qu’il appelait «la perle» de son empire colonial. Dès qu’il en eut les moyens militaires, il réoccupa le pays, y compris le Nord où le Viêt-minh avait pris le pouvoir. En novembre 1946, la marine française bombarda Haïphong, faisant plus de 6000 morts. La première guerre d’Indochine commençait.
Le Viêt-minh organisa la résistance et gagna l’appui de milliers de paysans, d’hommes et de femmes décidés à lutter jusqu’à la victoire, pour la réforme agraire et l’indépendance. Début 1954, il contrôlait près de la moitié du pays et les troupes françaises uniquement les grandes villes. Ho Chi Minh sut aussi obtenir le soutien matériel de la Chine de Mao, inquiète de l’engagement des Américains. En 1953, ces derniers payaient 40% des dépenses de la guerre et leurs conseillers étaient omniprésents.
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[extrait de La Lutte de classe n°118 (juillet 1985)] Qu’ont été les Khmers Rouges ? Quelle a été leur politique et en particulier, pourquoi ont-ils choisi de vider les villes (notamment Phnom Penh la capitale) de tous leurs habitants ? A quelle situation faisaient-ils donc face lorsqu’ils ont pris le pouvoir le 17 avril 1975, la même année où le FLN triomphait au Sud-Vietnam ?
Pour répondre à ces questions, il est d’abord nécessaire de revenir brièvement sur l’histoire de l’Indochine.
Au terme de la conquête coloniale, qui va occuper pratiquement tout le XIXe siècle, la France va s’occuper de maintenir et même d’accroître les divisions politiques et administratives de la région. Laos, Cambodge et même Tonkin, Annam et Cochinchine, les trois régions de l’actuel Vietnam, passent sous des administrations et sont dotées de statuts différents.
Le Cambodge, qui était sous protectorat français depuis 1864, se voit en fait à partir de 1884 administré directement par les autorités françaises.
Néanmoins, il subsiste une administration cambodgienne, dirigée jusqu’en 1904 par le roi Norodom puis par le roi Sisowath. En 1927, c’est Monivong qui monte sur le trône et à sa mort en 1941, c’est le petit-fils de Norodom, Norodom Sihanouk qui lui succède.
Jusqu’en 1945, le royaume est en fait dirigé par les Français.
Docile jusque-là aux vues du Protectorat français, le roi Norodom Sihanouk proclame l’indépendance du royaume le 12 mars 1945. Parallèlement, des maquis se sont créés pour lutter contre la présence française.
Les troupes françaises interviennent, mais finalement les accords du 7 janvier 1946 mettent fin au protectorat.
En 1947, le royaume se dote d’une constitution attribuant l’essentiel du pouvoir à une assemblée nationale. En novembre 1949, des négociations aboutissent à « l’indépendance du royaume au sein de l’Union Française ». L’administration française conserve des pouvoirs en matière de politique étrangère, de défense et de justice.
Mais c’est en novembre 1953 que le Cambodge se voit accorder l’indépendance par la France.
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