Avril 2011: Le PS voulait associer la N-VA au pouvoir, via 
Paul Magnette, qui expliquait oralement et dans son bouquin que le nationalisme est 
 
"un mélange de fantasmes irrecevables qu'il faut dénoncer et de revendications rationnelles qu'il importe d'écouter" 
Sur le plan pratique, il soulignait que la N-VA et un parti nationaliste 
qui n'est ni xénophobe ni anti-européen avec lequel le PS parle et qu'il
 veut associer au pouvoir. 
"le nationalisme est en fait une enveloppe vide qu'on peut remplir de différentes façons""Il faut dès lors faire la différence entre un nationalisme xénophobe
 dont le Vlaams Belang est un exemple et avec lequel nous refusons de 
parler et un nationalisme qui n'est ni raciste ni anti-européen comme 
celui de la N-VA avec lequel le PS veut parler""Nous voulons associer la N-VA à une démocratie de compromis car le 
rêve de tout parti nationaliste est de rester à l'extérieur. Nous 
voulons les obliger à exercer le pouvoir car il y a une grande 
différence entre rédiger un programme de parti dans lequel on affirme 
vouloir supprimer le Sénat et diminuer le nombre de membres dans les 
cabinets pour faire des économies et faire un budget. On découvre alors 
que ces idées ne rapportent pas tant que cela"
"Les Régions et le fédéral ne sont ni la sources de tous les problèmes ni la solution à tous les problèmes".
Lire aussi:
Le Soir et Théo Francken
via Christophe Berti& Béatrice Delvaux
            
 
  
                
                    Le cas « Francken » 
mérite une mise au point, après une semaine où les nouveaux démons 
communautaires sont sortis de leur boîte, avec leur cortège 
d’accusations, de soupçons et de diabolisations.
                
                Nous parlons ici pour nous, Le Soir 
                    : les questions sur la légitimité du secrétaire
 d’Etat à l’Asile et à l’Immigration ne relèvent pas d’une charge 
obsessionnelle contre la N-VA, d’une volonté de délégitimer un 
gouvernement qui prend place ou de placer une partie du nationalisme 
flamand dans le camp de l’extrême droite. Si Le Soir conteste 
la place de Théo Francken au gouvernement, en particulier au poste qu’il
 occupe, et continuera à être extrêmement attentif à tout propos du 
passé et à tout acte désormais posé, ce n’est pas en raison d’un clivage
 nord-sud, mais au nom des valeurs qui sont celles de notre quotidien, 
et qui surtout fondent notre démocratie, au niveau fédéral ainsi que 
dans chacune des entités fédérées.
                
                Le rejet du racisme, la défense de la 
dignité humaine, l’interdiction de stigmatiser les groupes d’êtres 
humains selon leurs origines, sont des éléments sine qua non 
des démocraties. Si des partis utilisent ces arguments par tactique 
politique, c’est leur responsabilité et nous serons là, comme 
journalistes, pour dénoncer ces petits jeux malsains. Mais il ne faut 
pas tout mélanger.
                
                Oui, la N-VA est un parti dont la présence 
au gouvernement est légitime. La gestion par un parti séparatiste d’un 
niveau de pouvoir qu’il veut faire disparaître, ne cesse certes de nous 
étonner et suscite notre extrême vigilance, mais cela n’exclut en rien 
l’accès au pouvoir à Bart De Wever, grand vainqueur de ces élections et 
des négociations tant en Flandre qu’au fédéral.
                
                Oui, le gouvernement Michel a mis sur papier
 une série de réformes socioéconomiques légitimes (pensions, déficit 
public, marché du travail, poids de l’Etat, compétitivité). Le Soir s’est
 d’ailleurs souvent prononcé sur la nécessité et l’urgence d’oser un 
certain nombre de mesures structurelles qui permettent au modèle belge 
(la sécurité sociale notamment) de perdurer. A charge pour le 
gouvernement en place de prouver que ces réformes modernisent la 
société, sans la fracturer. Nous attendrons les projets précis et leur 
mise en œuvre pour les jauger sur pièces, un à un.
                
                Mais, oui aussi, Le Soir tire la 
sonnette d’alarme sur le danger que postule la présence d’un secrétaire 
d’Etat en charge de l’Asile et de l’Immigration, qui a déclaré dans un 
passé très récent et via un support public, qu’il ne voyait pas « la 
valeur ajoutée de la diaspora congolaise, algérienne et marocaine ».
                
                Ces propos dans la bouche d’un PS, d’un MR 
ou d’un CD&V, au sein d’un gouvernement de gauche, de centre-droit 
ou tripartite, wallon, bruxellois ou fédéral, auraient suscité la même 
indignation et les mêmes condamnations de notre part. Il se fait que M. 
Francken est N-VA, ce qui n’est une raison ni de l’épargner ni de 
l’accabler plus particulièrement. Si ce n’est que l’ambiguïté des 
relations de membres de ce parti avec certains milieux laisse une place 
au questionnement plus réelle que pour d’autres formations politiques: 
il n’est ainsi pas coutume d’assister à des réunions de M. Le Pen, ou à 
des anniversaires d’ex-collaborateurs, apparemment pas tout à fait 
repentis.
                
                On peut comprendre l’histoire des autres (la
 Flandre ici en l’occurrence), mais ces autres doivent aussi réaliser 
que les interrogations francophones ne relèvent pas que d’une foutaise 
ou d’une préoccupation surannée, mais d’une sensibilité qui, elle aussi,
 à ses ramifications. D’autant que les propos tenus par M. Francken ne 
posent pas question qu’au sud du pays. La ligne de «fracture» sur ce 
sujet n’est pas communautaire, mais elle traverse les frontières 
linguistiques et idéologiques: on ne s’interroge pas ici «Flamands 
contre francophones», ou «opposition contre gouvernement».
                
                Les éléments sur table aujourd’hui ne 
donneraient sans doute pas lieu en justice à une condamnation de M. 
Francken. Reste qu’aujourd’hui un grand spectre d’opinions estime que 
ces propos sont teintés de racisme et nuisent à la vie en communauté car
 des groupes d’individus sont soupçonnés. Un malaise de fond est créé 
entre d’une part le ministre en cause et le gouvernement qui l’abrite, 
et d’autre part des groupes d’individus. Voilà qui fragilise la position
 du ministre dans un domaine où il y aura place au doute désormais entre
 les décisions officielles et les intentions qui les inspirent. C’est 
d’autant plus dommageable que l’heure est à une politique d’asile qui 
combine rigueur et droits de l’homme: celui qui doit réaliser ce 
difficile équilibre ne peut, pour réussir, qu’être au-dessus de tout 
soupçon.
                
                Ceux qui veulent faire de Théo Francken une 
victime de francophones injustes, se trompent et manipulent une vérité 
qui traverse le territoire belge. Si le secrétaire d’Etat doit désormais
 être imparable dans tous les actes et paroles, passés et à venir, c’est
 parce que tous les partis démocratiques, dans et hors du gouvernement, 
nord et sud confondus, à part la N-VA et son président, le lui 
demandent. Le Soir avec eux.