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"Nous demandons un décumul immédiat : c’est non-négociable !"
Ce 3 juin, les cadres et militants réunis à Bruxelles avaient voté
massivement contre la proposition d’Elio Di Rupo de décumul d’ici à
2024. L’échéance leur semblait bien trop éloignée. Ce refus témoigne
d’une défiance de plus en plus grande de la base du PS.
Une étape supplémentaire va encore être franchie : ce lundi 19 juin,
les jeunes socialistes vont déposer un ultimatum au parti, pour imposer
un décumul intégral avant 2018.
"Nous voulons que chaque élu soit en ordre avant les élections de 2018. Notre principe, c’est ‘un homme, un mandat’", lance Maxime Felon, président des jeunes socialistes. "
Lors
du bureau politique de ce jeudi, nous listerons nos demandes dans un
document très précis. Ce sera non-négociable ! Point barre. Nous
exigerons un nouveau rassemblement participatif. Lors de celui-ci, nous
viendrons avec une seule proposition : le décumul intégral. C’est un
ultimatum que nous adressons au parti. Après discussions, j’ai constaté
que les aînés du PS étaient sur la même longueur d’onde que nous. Elio
Di Rupo semble également d’accord. En fait, ceux qui bloquent, ce sont
les députés-bourgmestres, les échevins-bourgmestres, comme par exemple
Philippe Courard. Ils vivent sur une autre planète et pensent que nous
devons simplement accepter qu’ils soient cumulards, parce qu’ils
fournissent des voix. Ce sont eux qui ont refusé de voter la
proposition de Di Rupo, lors du précédent bureau du PS, d’imposer un
décumul, sans attendre 2024. Sur certaines listes PS, il n’y a
aucun jeune… Si le parti refuse nos propositions, nous en tirerons les
conclusions qui s’imposent."
Retour de balancier, revanche, retournement de situation :
les expressions ne manquent pas. En succédant à Yvan Mayeur au poste
de bourgmestre de Bruxelles Philippe Close s'assied dans un fauteuil
dont on pensait il y a quelques semaines encore qu'il lui échapperait à
tout jamais. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé de le
briguer.
Retour en arrière. Pour comprendre ce qui vient de se jouer en quelques soirées il faut remonter à l'élection de Freddy Thielemans.
Nous sommes en octobre 2000, la campagne des communales est tendue.
François-Xavier De Donnéa, le bourgmestre libéral sortant incarne une
certaine idée de la capitale du royaume : ordre, distinction, prestige.
En face les socialistes mènent campagne sur le thème d'une ville moins
guindée, où le vivre ensemble et le sens de la fête trouveraient droit
de cité. L'une des polémiques de la campagne oppose le bourgmestre à
Carl De Moncharline, propriétaire de boîte de nuit, qui figure sur la
liste socialiste, au sujet des autorisations et horaires d'ouverture de
son établissement. Refaire de Bruxelles une ville festive, est un mot d'ordre électoral et reste jusqu'à aujourd'hui le credo de Philippe Close.
Au
lendemain de la victoire de Thielemans c'est la répartition des rôles
dans les camp socialiste. Yvan Mayeur, assistant social qui aime
rappeler qu'il est né dans les Marolles garde la présidence du CPAS
qu'il occupe depuis 1995. Depuis 1999, il cumule même avec un poste de
député fédéral, ce qui lui offre une double exposition locale et
nationale. Une surface qui en fait le numéro 1 socialiste de fait tant
que le maiorat est dans d'autres mains. Freddy Thielemans, qui après un
bref intérim a l'hôtel de ville lors de la démission de Michel Demaret
(PSC, emporté par un scandale, il n'y a donc rien de neuf sous le soleil
bruxellois pour ceux qui ont un certain âge et un peu de mémoire)
s'était replié au parlement européen a donc besoin d'une équipe solide
pour faire contre-poids. Le nouveau bourgmestre, qui fut échevin des
beaux-arts et de l'instruction publique, est connu pour son goût des
langues et de la bande dessinée (érotique de préférence), sa gouaille et
sa bonhommie. Même s'il se révélera ensuite très à l'écoute des forces
de police, il lui faut un adjoint qui travaillera dur et gérera
l'essentiel, en toute confiance : ce sera Philippe Close. Celui-ci vient
de faire un remplacement au service communication du boulevard de
l'Empereur, Elio Di Rupo croit en lui.
La rivalité Close-Mayeur devient rapidement visible.
Depuis le CPAS Yvan Mayeur tisse sa toile. Le centre d'aide sociale ne
se contente pas de distribuer des allocations, il a sa propre politique.
Le CPAS, une fois ses finances redressées (c'est à mettre à l'actif
d'Yvan Mayeur) est ainsi en mesure de contruire des logements et de
participer à l'aménagement la ville par une ambitieuse politique de
rénovations (c'est le premier propriétaire foncier de la capitale avec
des biens dans l'ensemble de la région) ou encore d'agir dans le domaine
de la santé par le biais de l'Hopital Saint-Pierre qui dépend de lui.
Rendre service, aider, proposer des logements et des emplois, c'est dans
l'ADN d'un président de CPAS. Le faire en fumant le cigare et en
portant des costumes chics mais décontractés est dans celui d'Yvan
Mayeur. Travailleur, visionnaire, mais aussi solitaire et un poil
dogmatique le jeune homme plait à Laurette Onkelinx, qui le soutient
sans réserve.
À la ville Close applique le
programme festif. En 2002 il lance Bruxelles-les-Bains. Viendront
ensuite Plaisirs d'Hiver, la fête de la BD, le Brussel Summer Festival.
Le succès populaire est au rendez-vous. À la réélection de Thielemans en
2006 l'ancien chef de cabinet entre dans la lumière en prenant le
costume d'Echevin du Tourisme, l'occasion de communiquer à chacun des
événements qu'il organise. Close est le dauphin désigné de Thielemans,
les deux hommes ne s'en cachent pas. Chaque coupure de ruban, chaque
bilan d'un grand événement est une occasion de populariser son image et
son savoir-faire.
À la raideur de Mayeur s'oppose la jovialité du tandem de l'Hotel de Ville. Close-Thielemans, mêmes rondeurs, même combat.
L'échevin en rajoute même un peu pour ressembler à son aîné, imposant
sa silhouette au Meyboom et dans les confréries bruxelloises. Mayeur
cultive une image plus intello, criant à qui veut l'entendre qu'il rêve
d'une statue d'Anish Kapoor sur son piétonnier. Au premier le bruxelles
historique et populaire, au second les bobos nouvelle génération. Ni
l'un ni l'autre ne sont tout à fait ce qu'ils prétendent être. On a
plus souvent vu Yvan Mayeur aux grands concerts pop qu'à la Monnaie, et
Philippe Close achète plus de disques de rock, tendance guitares
saturées, que d'albums du Grand Jojo (il joue également au rugby, qui,
sous les latitudes bruxelloises, n'est pas vraiment un sport
populaire).
Ce second mandat de Freddy
Thielemans est celui où tout se joue. Lors de la campagne de 2012 on
sait bien que le bourgmestre socialiste ne terminera pas son troisième
mandat. En 2008 Yvan Mayeur a vu s'évanouir ses rêves de devenir
ministre fédéral, toute son énergie sera dorénavant pour le niveau local.
Puisqu' Elio le boude il se rapproche encore davantage de Laurette.
Celle-ci est désormais présidente de la fédération bruxelloise. Avec son
soutien il veille à bien contrôler la section locale. Di Rupo se
désintéresse de la question, Close est dépassé. Mayeur devient le
successeur officiel. L'échevin du tourisme avait pensé à soigner son
image dans l'opinion, le président du CPAS l'a surpassé dans la maîtrise
de l'appareil partisan.
Juin 2012 la section locale
entérine la liste : Thielemans, Hariche, Mayeur. Close relégué en 5ieme
place a perdu la partie. Un temps son nom circule pour prendre la
ministre-présidence Bruxelloise, mais une interview calamiteuse au Soir
donné par le tandem (histoire de paraître unis et de médiatiquement
enterrer la hache de guerre) ruine ses dernières chances lorsqu'il
s'exclame "nous ne sommes pas le hainaut", s'attirant les foudres des
camarades wallons (Close est pourtant d'origine liégeoise). Ce sera Rudi
Vervoort pour succéder à Charles Picqué. À la Ville comme à la Région
Close n'est pas le premier choix d'Onkelinx.
Des mandats non déclarés pour Philippe Close?
"J’ai rajouté ce matin jusqu’à 8 mandats non déclarés par Philippe Close sur Cumuleo.be"
a annoncé ce matin Christophe Van Gheluwe de Transparencia et Cumuleo
sur notre antenne de Vivacité Bruxelles. Ce sont des mandats d'ASBL dans
le secteur du service et de soins à domicile (CSD, CSAD, CSD BXL CAP),
tournant autour du parti socialiste (FONSOC, GEFEBRU) et d'un cercle
laïque (L'Eglantine). "Ce sont des mandats non rémunérés, mais
l’objectif des déclarations de mandats est de lutter contre les conflits
d’intérêt. La loi est très claire, tous les mandats doivent être
déclarés. Clairement, son maïorat commence très mal. Il commence avec
une infraction aux règles sur la transparence", poursuit Christophe Van Gheluwe.