Vitkovski est arrêté pour la première fois en 1926 lorsqu’il a 25
ans. C’est seulement 28 ans plus tard, en 1954, qu’il sera autorisé à
rejoindre les siens à Moscou. Condamné pour des raisons complètement
farfelues (comme tous les condamnés politiques à l’époque), il sera
envoyé dans les profondeurs de la Sibérie où il travaillera comme
bagnard sur les îles Solovki tout en subissant des interrogatoires
interminables, des tortures et toutes sortes d’humiliations. Cet homme
qui venait de finir ses études à l’Institut des sciences et rêvait de
devenir un scientifique, n’a jamais pu l’être.
L’histoire de Dimitri Vitkovski est mentionnée par Soljenitsyne au début de l’Archipel du goulag.
Elle est restée inconnue en URSS jusqu’au début des années 1990
lorsqu’elle fut publiée, 25 ans après la mort de l’auteur. La traduction
française vient d’être publiée. Pourtant, nous avons affaire à l’un des
plus terribles et complets témoignages sur l’univers concentrationnaire
soviétique. Le récit n’a rien à envier à ceux laissés par Soljenitsyne,
Guinzbourg ou Chalamov. Tout y est. La description détaillée et
« neutre » du système de répression et d’emprisonnement, la vie au
Goulag, la profondeur des personnages, le talent du narrateur et aussi
les clefs de la survie…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire