mardi 19 avril 2011

Tel ou tel ne "mérite" pas son salaire

Corentin de Salle :

La condition même d'une coexistence pacifique dans une société complexe implique qu'on y reconnaisse différentes échelles de valeur sans favoriser aucun d'entre elles (du moment qu'elles ne violent pas les libertés fondamentales).
La rémunération dans le privé ne dépend pas du "mérite" mais de la "valeur"(au sens économique). La valeur ainsi comprise est une notion moralement neutre et une notion objective.
Exemple: l'action de tel manager a fait gagner x centaines de millions d'euros à son entreprise cette année. C'est la richesse qu'il crée. Plus fondamentalement, cela correspond à la demande qu'il comble auprès du public. Une rock star gagne x fois plus qu'un violoniste car il comble x fois plus de demandes que lui. Mais aucun des deux n'est plus méritant que l'autre (du moins dans l'absolu: chacun peut évidemment avoir son avis là-dessus en fonction de son échelle de valeurs).
Dire que la rémunération doit être fonction du mérite, cela reviendrait à dire qu'une infirmière est x fois moins méritante qu'un banquier ou un footballeur parce qu'elle gagne x fois moins. C'est évidemment absurde. Raison pour laquelle il faut dire que la rémunération récompense la "valeur" et non pas le "mérite". Raison pour laquelle cela n'a pas de sens d'affirmer que tel ou tel ne "mérite" pas son salaire.
A une exception près cependant: les entreprises publiques ou les entreprises qui ont été secourues par l'Etat et qui n'ont pas encore remboursé leur dette à la collectivité. Dans ces cas là, de tels bonus sont effectivement indécents. Car cet argent ne vient pas de consommateurs qui ont librement dépensé cet argent mais de contribuables qui ont été forcé de le faire dans l'intérêt public.

Dans le privé, l'Etat n'a pas à intervenir, contrairement à ce que disent les socialistes auteurs des trois projets. Dans le privé, le revenu n'est pas fonction du mérite et n'a pas à l'être. Pourquoi ?
Parce que le mérite est une notion mo...rale qui implique toujours une échelle de valeur.
Or, une société libérale n'impose pas une échelle particulière de valeurs si ce n'est les libertés fondamentales (sorte de méta-valeurs). 

1 commentaire:

  1. @ Corentin de salle. Enfin un discours clair et sans ambiguité ! Mais que je ne partage evidemment pas et qui surtout me semble complètement à côté de la réalité. La théorie est une chose, la vie réelle en est une autre car la valeur travail a été dévalorisée d'une manière spectaculaire depuis la libéralisation des marchés financiers. La création de richesse a surtout favorisé les actionnaires or sans le travail pas de production et donc pas de croissance. Il ne s'agit pas ici de valeur morale mais de justice sociale. De plus, les droits fondamentaux quoique dise notre aristocrate sont bafoués par les lois du marché. Le droit à un salaire et un logement dignes sont incompatibles avec une économie de marché aveuglée par la course aux profits. Bref, toujours cette même rengaine de la part des libéraux...

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