Image
tirée d'une video de propagande diffusée le 5 juillet 2014
par
al-Furqan Media, montrant le dirigeant du groupe Etat islamiste,
Abou
Bakr al-Baghdadidans une mosquée de Mossoul,
après la proclamation d'un
"califat"
entre la Syrie et l'Irak - Al-Furqan Media
Resté longtemps dans l’ombre, Ibrahim
al-Badri al-Samarraï de son vrai nom, est désormais le djihadiste le
plus dangereux et le plus puissant au monde...
Docteur Ibrahim, Awwad Ibrahim, Abou Duaa, Al-Shabah (le fantôme),
Abou Bakr al-Baghdadi, et enfin dernièrement Calife Ibrahim. Autant de
noms pour désigner un seul et même homme: Ibrahim al-Badri al-Samarraï,
le puissant leader de l'Etat islamique.
Auparavant, seulement deux photos -une en couleur du FBI américain,
l’autre en noir et blanc du ministère irakien de l’Intérieur-
permettraient d’identifier celui dont la tête est mise à prix 10
millions de dollars par les Etats-Unis depuis 2011. Jusqu’alors, peu
d’informations sur lui avaient filtré. Né en 1971 à Samarra, au nord de
la capitale irakienne, Ibrahim al-Badri al-Samarraï aurait étudié à
l'université islamique de Bagdad dans les années 1990.
Selon une biographie diffusée par ses partisans, il serait un descendant du prophète Mahomet, un lignage prestigieux indispensable pour prétendre au titre de calife. Il aurait obtenu un doctorat d’études islamiques -d’où son titre de «docteur».
Il passe au djihad en 2003, après l'invasion américaine, et prend son
premier nom de guerre, Abou Duaa, au sein d’un petit groupe armé
-Jaiche al-Sunna wal Jamaa-, avant de rejoindre les rangs d’Al-Qaida en Mésopotamie,
sous la houlette du Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui. Il est arrêté
par les Américains à Falloujah en 2004, et passe cinq ans au camp de
détention de Bucca, période au cours de laquelle il se radicalise un peu
plus. Relâché en 2009 dans le cadre de la libération de milliers de détenus avant le retrait américain, il multiplie les attentats meurtriers et exécutions publiques sanglantes au nom de la charia.
Le nouvel émir
Entre temps, Al-Zarkaoui a été tué dans un raid américain en 2006, et
Abou Omar al-Baghdadi a pris sa succession à la tête de l’État
islamique d’Irak, le nouveau nom d’Al-Qaida en Mésopotamie. Il est tué en avril 2010 près de Tikrit.
Un mois plus tard, Abou Duaa est choisi pour lui succéder. Le
nouvel «émir» prend un nouveau nom de guerre, Abou Bakr al-Baghdadi,
référence au premier calife de l’islam, Abou Bakr al-Siddik, nom auquel
il a accolé celui de sa ville d’origine, Bagdad.
Mais son organisation est très affaiblie.
Al-Baghdadi opère alors un «retrait tactique», qui permet à
l’organisation de se renforcer et d’accumuler un trésor de guerre grâce
au rançonnage, au pillage des banques, mais aussi des biens des
chrétiens et des chiites. Et en 2011, il refuse de faire allégeance à
Al-Qaida et l'Égyptien Ayman al-Zawahiri, qui a pris la relève d’Oussama
Ben Laden.
Offensive irakienne
Les «printemps arabes» rebattent les cartes dans la région. Vers la
mi-2011, Al-Baghdadi dépêche des hommes en Syrie pour combattre le
régime de Bachar al-Assad, mais aussi les opposants laïcs et le front
al-Nosra, branche locale d’EIIL qui a prêté allégeance à Al-Qaida. Son
groupe ajoute alors le «Levant» à son nom en 2013, et devient l’État
islamique en Irak et au Levant (dont l’acronyme est EIIL en français, Isis en anglais et «Daech» en arabe).
En marge de cette action en Syrie, Al-Baghdadi lance une vaste offensive en Irak.
Parti de Fallouja en début d’année, il a fédéré nombre de combattants
sunnites, et prend début juin le contrôle de Mossoul, puis de la
province de Ninive et une partie de celle de Salaheddine, de larges
portions de la région d'Al-Anbar et de la frontière avec la Syrie.
Des conquêtes qui lui permettent de mettre la main sur un trésor de
guerre d’un demi-milliard de dollars, une quinzaine de puits de pétrole
et qui font de l’État islamique «le groupe terroriste le plus puissant au monde, en terme d’armes et de financement».
Et d’Abou Bakr al-Baghdadi, ou plutôt maintenant du Calife Ibrahim, le
djihadiste le plus dangereux et le plus puissant au monde.
Lire aussi: GB: non-lieu pour l'étudiante qui cachait 20.000€ pour le jihad dans ses sous-vêtements Nawal Msaad, l'étudiante britannique de 26 ans arrêtée en janvier à
Heathrow avec 20.000 euros destinés aux jihadistes syriens dissimulés
dans ses sous-vêtements, selon l'accusation, a bénéficié d'un non-lieu
mercredi devant un tribunal londonien. Nawal Msaad avait été arrêtée le 16 janvier au moment d'embarquer
sur un vol pour Istanbul. Lors d'un contrôle, un préservatif rempli de
billets enroulés de 500, 200 et 100 euros avait été retrouvé. Lors de l'ouverture du procès début juillet, le procureur Mark
Dennis avait déclaré que cet argent, d'un montant total de 20.000 euros,
était "destiné à financer la cause jihadiste" en Syrie. Les onze membres du jury de l'Old Bailey ont cependant condamné
une amie de l'accusée, Amal Elwahabi, épouse d'un jihadiste parti
combattre en Syrie l'été dernier. Elle a été reconnue coupable d'avoir
recruté Amal Elwahabi en tant que "messager de confiance" pour acheminer
des fonds au Moyen-Orient. Amal Elwahabi, âgée de 27 ans, est la première Britannique à être
condamnée pour financement de la cause djihadiste en Syrie. Elle risque
14 ans de prison.
Saudi Arabia has handed over a check for $100m to UN
Secretary-General Ban Ki-moon to help finance the UN's centre to combat
global terrorism. The UN chief welcomed the gift at a ceremony in his office and said
the recent upsurge in terrorism in a number of countries and regions -
most dramatically, the Islamic State group's takeover of a large swath
of Syria and Iraq - "underscores the challenge before us." Saudi Arabia's Ambassador to the United States, Adel al-Jubeir, who
presented the check with the Saudi UN ambassador, stressed that
"terrorism is a scourge and an evil that affects all of us."
Les événements qui actuellement se déroulent au
nord de l'Irak, où les combattants de l'«Etat islamique» se livrent au
massacre des Yazidis après avoir chassé la communauté chrétienne, sont
tels qu'il ne suffit plus désormais de souligner leur gravité: il faut
appeler par son nom, sans crainte de l'hyperbole, une pratique qui sans
conteste relève du génocide, mis en oeuvre par des islamistes dont
l'intégrisme est l'autre nom du fascisme. Un islamo-fascisme sévit ces jours-ci devant les frontières du
Kurdistan, et l'on attend de la part des musulmans, au Luxembourg et
ailleurs, non seulement le rappel de tout ce qui distingue l'islam en
son caractère le plus honorable de cet islamisme d'égorgeurs, mais aussi
et surtout une condamnation ferme de ce qui en Irak est commis en son
nom. Tel est d'ailleurs le sens d'un appel, lundi, du recteur de la
Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui face à ce massacre appelle
les musulmans du monde à «sortir de leur réserve».
Un islam qui considère que la lecture du Coran se pratique à la lumière
de la raison et non dans les ténèbres d'une aveugle passion.
Génocide? Oui, dans la mesure où l'offensive de l'Etat islamique
procède d'un projet d'extermination, un projet systématique par
définition. S'étonne-t-on de l'extrême cruauté de ses tueurs, qui
décapitent femmes et enfants? Qui n'hésiteraient pas, semble-t-il, à
crucifier certaines de leurs victimes? Ne nous étonnons pas trop:
«infidèles» et «mécréants», chrétiens et Yazidis ne sont pas aux yeux de
ces islamistes des humains mais des bêtes, des «Untermenschen», une
vermine que dès lors ils écrasent sans états d'âme. Cet islamisme-là est
un racisme. Au nom de quoi ces «Untermenschen» sont-ils condamnés? Au nom d'un
islam dévoyé par son extrême radicalité, par son intégrisme, qui poussé à
cet extrême-là est bien un fascisme. Qu'est-ce que l'islam intégriste,
raciste et fasciste? C'est un islam qui affirme qu'il n'y a qu'une seule langue, l'arabe.
Qui postule qu'il n'y a qu'une seule communauté humaine, l'«ouma», la
communauté musulmane. Qui répète qu'il n'y a qu'un seul livre, le Coran.
Qui enfin affirme qu'il n'y a qu'une seule loi, la «charia», et que
cette charia étant infaillible elle est intangible. D'où l'appel aux tenants d'un islam dans sa vérité la plus
respectable. Qui, si ce n'est des musulmans, pourra dire aux intégristes
en quoi leur foi est folie? Qui, si ce n'est les pratiquants d'un islam
éclairé, au Luxembourg et ailleurs, dira à ces gens-là qu'il n'est plus
nécessaire, pour être un «bon» musulman en 2014, de s'adonner à des
pratiques vieilles de 1.400 ans, et que la charia aujourd'hui ne saurait
exiger que l'on lapide une femme adultère, que l'on punisse de mort
l'apostasie, que l'on tranche la main du voleur? Qui, si ce n'est des
musulmans, diront à d'autres musulmans, en Irak mais aussi en
Afghanistan ou dans la bande de Gaza, que le kamikaze n'ira pas au
paradis, et que si vraiment il y allait il ne serait pas accueilli par
des nuées de vierges parfumées? On a beaucoup (beaucoup trop) parlé d'un clash civilisationnel entre
Occident et sphères musulmanes. Une tout autre césure est sans doute à
l'oeuvre, ou devrait l'être, au sein du monde islamique lui-même. Entre
un islam qui se croit habilité à la barbarie par des textes datant de
l'Hégire, et un islam moderne, éclairé, laïque et fraternel, un islam
inspiré d'Averroès et non de Ben Laden, un islam qui considère que la
lecture du Coran se pratique à la lumière de la raison et non dans les
ténèbres d'une aveugle passion.
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