vendredi 16 décembre 2016

Le bilan du piétonnier est catastrophique

Bruxelles est la ville martyre d'un ego surdimensionné qui voulait entre autre
"le plus grand piétonnier d’Europe".
Lancé il y a deux ans, le schéma de développement commercial de Bruxelles recommande une série de mesures comme, par exemple, le développement du concept « familles ».
C'est en réalité une blessure béante et in-cicatrisable qui s'étale du nord au sud du Pentagone, laissant des commerces qui se meurent à petit feu, et des embouteillages invraisemblables.

Il y a 2 ans déjà, le tyran déclarait:
"Il faut décider vite sinon je sais ce qui va se passer. On va être confronté à un tas d'experts et de comités qui vont donner leur avis bien entendu négatif. Sans compter les procédures légales qui sont une vraie partie de plaisir". 
:
Le bourgmestre voulait mener la réflexion "à marche soutenue" sur la création d'un piétonnier sur une portion du boulevard Anspach, entre la Bourse et De Brouckère.
Touring et les commerçants du centre-ville flinguaient déjà le projet de piétonnier sur l'axe central de circulation au coeur du Pentagone.

Isabelle Norro, de Touring, qui insiste principalement sur l'importance économique du boulevard:
"Nous sommes contre le fait de couper dans les grands axes"
"La campagne est à la campagne, et une ville reste une ville", résume-t-elle. "La ville est tout d'abord un centre économique." 
"Nous rappelons à Yvan Mayeur que nous sommes une démocratie. Aucune décision ne peut être prise concernant le centre-ville sans que toutes les éventuelles conséquences aient été analysées"
Alain Berlinblau, président de l'association "Groupement des commerçants du centre-ville":
"Ce projet de piétonnier, ce serait la mort des commerces"
"Il y a déjà très peu d'axes de pénétration menant au centre-ville. Et nous savons que 60% de la clientèle des commerces d'Anspach viennent faire leurs courses en voiture"

[Décembre 2016] Entretien de Dorian de Meeûs avec

Olivier Willocx, administrateur délégué de Beci (Chambre de Commerce et Union des entreprises de Bruxelles):
Le bilan du piétonnier est catastrophique. Catastrophique ! Alors, je comprends la prise de risque originelle et le fait d’avoir voulu contrer les nombreux obstacles, mais quand on prend de tels risques, il faut que tous les dispositifs d’accompagnement soient impeccables : la sécurité, le sentiment de sécurité, la propreté, l’accessibilité, la communication, l’aménagement…
Le bourgmestre voulait le plus ‘grand’ piétonnier d’Europe, alors qu’on aurait souhaité le plus ‘chouette’ piétonnier d’Europe. Avec un tel objectif, on aurait dû le faire grandir petit à petit, en apprenant à gérer les problèmes successifs. Ici, cela a été décidé un jour en toute fin de soirée sans concertation…
Soyons clairs, on n’a aucunement été concerté dans ce projet, on a juste été invité à découvrir les plans et les problèmes. Or, nous sommes plutôt favorables à un piétonnier, mais ici, la Ville n’a pas su gérer la sécurité ou le sentiment de sécurité, même s’il est vrai que le contexte n’a pas aidé.
Avec la fermeture des tunnels et le lockdown, il fallait impérativement rouvrir le boulevard. Cela était simple à faire, il n’y avait rien à défaire puisqu’il n’y avait pas d’aménagements urbains.
Vu que l’intelligence a la capacité de s’adapter, il aurait fallu temporairement revoir le plan et non s’obstiner. Il y a eu ici une rigidité totale malgré des obstacles exceptionnels et temporaires!
Les relations difficiles entre la Région et la Ville trouvent leurs explications ici.
: Les entreprises en souffrent encore aujourd’hui ?
Certaines entreprises, et en particulier dans l’horeca, ont encore et toujours un chiffre d’affaires en recul de 60%. Cette année a été catastrophique dans le centre-ville à cause du lockdown, de la fermeture des tunnels et du piétonnier mal géré. L’impact des tunnels est dramatique. La Ville n’a aucunement planifié la communication, ce qui a donné le sentiment ‘erroné’ que le Centre était inaccessible ! Mais personne n’a compris comment on pouvait y accéder. Les villes comme Rome, Strasbourg et autres ont aussi eu des problèmes, mais temporaires. Elles, elles ont fait ça bien, avec des mesures d’accompagnement ! Bruxelles a fait ça mal, sans préparation… il est donc normal que tout le monde râle. Cela finira par être bien, mais dans 5 à 10 ans.
: Ne dressez-vous pas un tableau particulièrement noir ?
Pour ceux qui en doutent, sachez que les chantiers n’ont pas encore commencé et qu’ils dureront 2 à 3 ans. On a tout fait à l’envers ! Je me demande vraiment comment la Ville va s’en sortir. D’autant qu’elle va devoir gérer une série de procès en dommages et intérêts, y compris de ceux qui sont en faillite. Je rappelle que la Ville a géré ce dossier sans permis et à coups de déclarations fracassantes du bourgmestre (NDLR : Yvan Mayeur, PS) qui déclare que les entreprises peuvent venir le voir et qu’il verra ce qu’il pourra leur donner. Mais, on est dans un cadre légal. Face à un préjudice, un bourgmestre n’est pas habilité à donner de l’argent comme un grand seigneur du Moyen Âge. Sur quelle base légale ferait-il ça ? Aucune. C'est un tribunal qui doit trancher.
: Les entreprises menacent de quitter la capitale, mais le font-elles réellement ?
Environ 12.000 entreprises ont quitté Bruxelles ces 5 dernières années, alors que seules 4.000 sont arrivées. La balance est clairement défavorable. Cependant, il est logique que le taux de création d’activité dans la capitale soit si élevé et que les entreprises qui engagent et s’étendent recherchent des espaces moins onéreux. Le problème est que les élus locaux – donc élus par les Bruxellois – donnent le signal aux navetteurs qu’ils ne sont pas les bienvenus. C’est dramatique, car il est évident que Bruxelles a besoin de ses navetteurs, encore plus que de touristes. L’économie a besoin de ces gens. On doit se comporter en capitale du pays. Le repli sur soi signerait la faillite de Bruxelles.

On ne les entend plus, mais ils étaient il y a 2 ans "pour" le piétonnier dans sa "forme actuelle"...

Marie Nagy, conseillère Ecolo réagissait en demandant à voir :
"Il est temps d’agir. Depuis 2006, il y a des projets pour réaménager le centre-ville de Bruxelles".
"Il faut le faire, mais avec un projet concret. Je demande donc qu’Yvan Mayeur réalise ce projet. Pourtant, beaucoup de choses restent à faire, notamment pour la sauvegarde des habitants et des commerces. Que faire pour la livraison des marchandises par exemple ? De même pour les transports en commun, les bus passent par ces grands boulevards".
La  propose de travailler par étapes en fermant provisoirement quelques places, pour voir ce qu’il ressort de l’expérience et en réaménageant le centre-ville."
On entend plus du tout sur le sujet le philosophe de l’UCL Philippe Van Parijs, à l'origine du mouvement Picnic The Streets qui avait organisé des sit-ins à la Bourse pour demander un piétonnier. Il se disait
"content et espérait que le résultat sera là".
 Et souhaitait que le bourgmestre
"communique ouvertement (...) La seule crainte qu’on ait, c’est que les gens ne suivront pas directement et que l’opposition attaquera de suite en disant : 'Vous voyez, ça ne marche pas'. Il faut un plan global (...). Il faut aussi veiller à ce qu’il y ait aussi moins de voitures en ville en général. Sinon, tous les conducteurs vont se rabattre dans la rue de Laeken et la rue Van Artevelde".
"Je trouve les critiques des commerçants "insensées" et basées "sur un chiffre faux en disant que 60 % des gens viennent en voiture en ville, citant les chiffres d'Atrium qui donne 14% de chalands motorisés."

Et aujourd'hui ?

[A lire bientôt sur ce blog] 2 touristes de l'immobilier commercial, Benoît Cerexhe, chef de groupe CDH au Parlement bruxellois, et Hamza Fassi-Fihri, vice-président du CDH, député régional et chef de groupe CDH au Parlement francophone bruxellois, se sont rendu au MAPIC (Le Marché International de l’Implantation Commerciale et de la Distribution) "pour soutenir Bruxelles" [sic].

Ils se sont toutefois étonnés de ne rien y voir sur le piétonnier:
"J’ai vu une très belle promotion du projet Neo et sa nouvelle maquette, mais rien sur le piétonnier. Même Uplace avait une plus grande visibilité. Alors, quand je lis que Marion Lemesre se félicite de l’action bruxelloise au Mapic, je souris… " raconte Cérexhe.
Les deux touristes ne remettent évidemment pas en cause l’existence même du piétonnier malgré quelques "défauts conceptuels du départ impossibles à changer".

"Des défauts conceptuels du départ impossibles à changer" : Mais lesquels, donc !???

Mais Cerexhe poursuit:
"L'échevine MR du Commerce de la Ville de BXL, Marion Lemesre, disait la semaine dernière que sa visite au MAPIC fut très productive. Aujourd'hui, elle accuse ATRIUM du très peu de visibilité dont bénéficiait à Cannes le (son) projet de Piétonnier... Déclarations girouette et aveu de faiblesse : il est beaucoup trop facile d'accuser les autres quand on ne sait pas soi-même ce que l'on veut...!"


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