samedi 21 juillet 2012

Une bonne politique.us

Obama, dans une interview accordée à CBS ce jeudi 12 juillet :

"L’erreur que j’ai commise durant mon premier mandat a été de penser que ma fonction était de mettre de place une bonne politique. C’est important, mais il entre aussi dans la nature de cette fonction de raconter une histoire qui insuffle au peuple américain un sentiment d’unité, de direction et d’optimisme, surtout par les temps qui courent".

Obama venait de nommer la technique managériale largement pratiquée dans les pays anglo-saxons du storytelling qui consiste à faire en sorte qu’un leader puisse insuffler à ses cadres, ou à ses employés, une vision de l’entreprise qui sert alors deux objectifs :
  1. créer le sentiment d’un destin commun, même si, à l’évidence, les différents agents (qui a le capital, qui gère le capital, et qui fournit le travail) ont des buts différents
  2. susciter aussi une éthique d’entreprise, autrement dit un cadrage des comportements productifs qui passe pour une justification moral.
Le storytelling de management opère selon une double rhétorique : une rhétorique de solidarité qui masque les inégalités des positions dans l’entreprise ; une rhétorique d’investissement affectif qui permet de culpabiliser ceux ou celles qui dérapent. C’était la technologie rhétorique de Steve Jobs à Apple.
L’adaptant au management politique, un leader devra donc tenter de développer un récit qui à la fois surplombe les différences entre les différents agents (en politique : les électeurs, les intermédiaires de la classe politique, le gouvernement) au nom d’une mission qui les aligne, comme dans un bon roman où "tout se tient" ; et suscite chez ceux et celles qui lui sont récalcitrants un sentiment de malaise, puisque s’ils sont des politiques ils se savent et se veulent sous le regard public (selon Sartre on a honte parce qu’on se croit constamment observé), ou qui permet à celui qui débite le Grand Récit, de dire qu’ils devraient avoir honte – ce qui produit souvent le même effet.

1 commentaire:

  1. Tous les présidents américains doivent enraciner leurs parcours personnels dans l'histoire - certes symbolique et mythifiée - de la nation américaine. Pour Barack Obama ce n'est pas chose aisée car il est né a Hawaï et a vécu une bonne partie de son enfance en Indonésie.

    En d'autres termes le président doit réaffirmer son attachement au rêve américain, qui est en fait le contrat social de l'Amérique. En gros si vous bossez dur, que vous jouez selon les règles, vous arriverez a avoir une maison, un travail, etc.

    En outre le fait pour un leader d'insuffler de l'optimisme est particulièrement important en tant de crise. Cela redonne de l'espoir aux gens, et confiance en eux. À ce titre le sourire de Franklin Roosevelt, de Kennedy, de Reagan sont des exemples pour l'ensemble des américains. Leur optimisme est d'autant plus exemplaires que ces trois hommes ont chacun connus des problèmes de santé assez graves (respectivement: la polio, la maladie d'Adisson et une tentative d'assassinat).

    Vous faites passer le storytelling pour une technique de manipulation alors qu'il s'agit en fait de motivation. C'est un discours qui dit clairement aux gens que c'est eux qui ont leur destin en main et pas qu'ils sont opprimés par je ne sais quoi, ce qui pour le coup revient à manipuler les gens.

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